''Avant douze ans, ils comprennent que la consommation d’alcool est risquée''

On vous a raconté que le jour de votre baptême un rite païen a conduit votre marraine à déposer sur vos lèvres un peu de champagne. Dès six ans, votre grand père vous octroyez un « canard » en trempant un sucre dans son délicieux Cognac et votre grand-mère ajoutait du vin dans les fraises au sucre alors que vous aviez dix ans.

 

L’impact de l’alcool précoce se constate moins dans les quantités absorbées plus tard que dans la possibilité d’une dépendance alcoolique

 

Depuis quelques années, l'idée a germé que le meilleur moyen de lutter à l’adolescence contre l'Alcoolisation Ponctuelle Importante - l’équivalent français du binge-drinking - était d’initier précocement (avant 12 ans) le goût du vin par un apprentissage prudent. C'est ce qu'a testé une étude réalisée par le Pr Donovan (université de Pittsburg). Les enfants suivis ont été initiés dans l'enfance à une faible consommation d'alcool. Résultat : ils ne s'alcoolisent pas plus massivement à l'adolescence. Mais ils ne s'alcoolisent pas moins non plus. En revanche, l'étude a montré une appétence accrue de l'alcool tout au cours de la vie chez ces très jeunes initiés et un risque plus élevé à l'âge adulte de développer une dépendance.

 

Ne pas s’enfermer dans un modèle d’exemplarité

 

Les adultes ne doivent pas se cacher pour boire mais répéter aux enfants qu’ils portent une grande attention à ce qu’ils consomment. Même avant douze ans, ils peuvent comprendre que la consommation d’alcool comporte des risques sur le développement d’un cerveau qui se mature jusqu’à l’âge de 25 ans. Le fait de réfléchir, en tant qu’adulte, à son propre rapport aux produits alcooliques est un préalable essentiel pour « parler alcool » avec ses enfants. Ce dialogue est nécessaire,inutile de vouloir bannir toutes références aux boissons alcooliques.

 

Mais ne pas banaliser la présence de bouteilles d’alcool non plus

 

Si des cadavres de bouteilles de soirées arrosées trainent dans la cuisine, évitez de les laisser trop longtemps sous les yeux de vos enfants qui en feront un produit « banal » complètement intégré dans le quotidien. On ne le répètera jamais assez, mais tout comme les produits ménagers doivent être entreposés à une hauteur suffisante pour en éviter un accès trop facile, les alcools ne doivent pas être à portée d’enfants et doivent être enfermés.

 

« 10 à 20% des adolescents choisiront de ne pas consommer d'alcool et resterons abstinents de toutes boissons alcooliques à l’âge adulte. Il faut savoir respecter ce choix ».

 

Par Philippe Batel,Psychiatre, Addictologue, Docteur en Neurobiologie

 

Pour en savoir plus :

« Pour en finir avec l’alcoolisme, réalités scientifiques contre idées reçues », Ed. La Découverte, 2011.

 
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