Parents-enfants : doit-on tout partager ?
Didier Pleux, docteur en psychologie
Trouver un équilibre entre satisfaire leurs envies et les vôtres, nécessaires aussi
Instruire l'enfant, l'aider à découvrir la réalité, stimuler son potentiel, partager des moments de joie sont des atouts éducatifs évidents, c'est le nécessaire partage parents-enfants. Mais beaucoup de parents ne voient pas que leurs enfants décident progressivement de la vie quotidienne, des loisirs. D'autres parents veulent créer cette atmosphère dont ils ont rêvé petits sans se rendre compte qu'ils abandonnent leur liberté adulte au profit du désir de leurs enfants. Car c'est bien là un enjeu essentiel : autant il est délétère d’imposer nos désirs adultes aux singularités de nos enfants, autant il est dommageable de ne répondre qu'à leurs demandes au risque de mettre une croix sur nos propres désirs.
Le « réel » des adultes est nécessaire pour lui donner envie de grandir
Le « faire avec » constant va décloisonner la frontière entre le monde adulte et celui de l'enfance : le « réel » des adultes disparaît peu à peu. Et pourtant, il est nécessaire pour inciter l'enfant à rêver, à imaginer et à fantasmer sa future vie adulte. Lorsque l’enfant retrouve son monde, avec ses « droits », mais aussi avec beaucoup plus d’obligations et de « frustrations », il ne peut que désirer grandir pour connaître cette vie qu'il ne peut pas encore vivre. A contrario, tout connaître avant l’heure signera vite le refus de devenir adulte ! Lui réserver des moments à lui, sans les adultes, participe à cette quête d'autonomisation : il faudra bien apprendre à vivre sans ses parents.
Pour en savoir plus :
« De l'enfant-roi à l'enfant tyran », Odile Jacob, septembre 2012.
« Deux à combattre l’anorexie », Odile Jacob, avec Camille Cellier, avril 2013.